Naît-on
intelligent ou le devient-on ? Et d'ailleurs disposons-nous des capacités
nécessaires pour progresser ? Depuis l'Antiquité, ce débat byzantin oppose
philosophes et scientifiques, qui s'interrogent sur la part de l'inné et de
l'acquis dans l'intelligence, non sans arrière-pensées...
Quel
que soit le temps qu'il passe à réviser ses cours, Jérôme n'y peut rien, ça ne
rentre pas.
"Je n'ai pas la bosse des maths" assure-t-il. Pas de problème en revanche pour Isabelle qui n'ouvre jamais un manuel et s'en tire toujours bien aux examens. "Normal" rétorquent les partisans de la position innéiste. Pour eux l'intelligence est principalement d'origine génétique, à 80 % estime précisément Arthur Jensen, professeur de psychologie à l'Université de Californie. Les individus disposeraient donc à la naissance d'un certain capital. Sans cet héritage, qui leur offre les prédispositions nécessaires, toute tentative d'apprentissage est vaine et vouée à l'échec.
"Je n'ai pas la bosse des maths" assure-t-il. Pas de problème en revanche pour Isabelle qui n'ouvre jamais un manuel et s'en tire toujours bien aux examens. "Normal" rétorquent les partisans de la position innéiste. Pour eux l'intelligence est principalement d'origine génétique, à 80 % estime précisément Arthur Jensen, professeur de psychologie à l'Université de Californie. Les individus disposeraient donc à la naissance d'un certain capital. Sans cet héritage, qui leur offre les prédispositions nécessaires, toute tentative d'apprentissage est vaine et vouée à l'échec.
La prédominance de
l'inné : une théorie d'un autre siècle…
La
théorie de l'origine innée de l'intelligence a fait florès au XIXème siècle,
portée par 2 événements majeurs : le nouvel essor de l'expansion coloniale et
le développement des sciences. Face à la découverte de nouveaux peuples et de leurs
façons de vivre, parfois si différentes et si déroutantes pour les moeurs
européennes, des travaux scientifiques cherchent à démontrer la supériorité
intellectuelle des Occidentaux. Le mouvement exerce aussi son influence en
France. Emile Zola s'inspire ainsi dans ses romans des travaux sur l'hérédité
en cours à l'époque. La série des Rougon-Macquart présente l'étude de l'impact
de la névrose et de l'alcoolisme sur les cinq générations d'une famille.
Remise au goût du jour
Certains
partisans des positions innéistes dérivent vers l'eugénisme, en partant du
principe que les individus moins intelligents affaibliraient le niveau moyen de
la population. L'ouvrage "The Bell Curve" (la courbe en cloche), paru
en 1994, semble remettre au goût du jour ces théories. Charles Murray et
Richard Hernstein démontrent, statistiques à l'appui, que les Noirs ont
généralement un QI moins élevé que la moyenne des autres communautés, ce qui
expliquerait que leur statut économique et social soit moins élevé. Ils
poursuivent la démonstration en jugeant que, puisque l'intelligence est innée
et que la destinée intellectuelle est déterminée, il est inutile de continuer à
soutenir financièrement ces populations… Ce nouveau darwinisme social propose
par conséquent de démanteler la politique de discrimination positive en vigueur
aux Etats-Unis. "Les conclusions de cet ouvrage allaient bien au-delà
d'une constatation scientifique" fait remarquer Michel Duyme, chercheur à
l'INSERM.
L'enfance, une période
d'apprentissage clef
Les
tenants de l'importance de l'acquis sur le développement de l'intelligence
estiment, contrairement au pédopsychiatre Fitzhugh Dodson, que tout ne se joue
pas avant 6 ans. C'est ce qu'ont prouvé Michel Duyme et Marie-Annick Dumaret
dans leur enquête publiée en 1999, après avoir observé des enfants adoptés
tardivement par des parents d'une classe sociale plus élevée. "Même si la
prime enfance reste une période d'apprentissage clef, le QI peut évoluer
positivement dans un environnement socio-économique plus favorable, jusqu'à
l'adolescence" expliquent-ils. Le milieu dans lequel nous vivons revêt une
grande importance, car il offre un soutien. C'est la famille qui transmet le
goût et la volonté d'apprendre et de savoir.